Les écoles privées québécoises se démarquent par les taux élevés de persévérance et de réussite scolaires. Pourtant, c’est peu connu, mais un nombre croissant de ces écoles n’effectuent plus de tests de sélection. Plusieurs d’entre elles comptent plus du tiers de leurs élèves qui doivent composer avec une difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
Par ailleurs, tout comme les écoles publiques, les écoles privées accueillent de plus en plus d’élèves ayant une langue maternelle autre que le français. En effet, plus de 40 % des élèves qui fréquentent une école privée québécoise sont issus de l’immigration (première ou deuxième génération). Dans ce contexte, comment expliquer les taux de diplomation élevés que l’on observe dans les écoles privées?
L’autonomie de l’école privée explique une grande part de ces résultats. À l’instar des Centres de la petite enfance, des cégeps et des universités à charte, les écoles privées sont des organismes sans but lucratif, solidement ancrés dans leur communauté et chapeautés par un conseil d’administration. Les directions d’écoles privées jouissent d’une marge de manœuvre qui leur permet d’exercer un leadership agile et proactif et de créer des climats propices à l’apprentissage qui encouragent la persévérance scolaire.
Cette agilité a été démontrée en mars 2020, lors de la pandémie. Les écoles ont dû offrir l’enseignement à distance, afin de permettre à leurs élèves de poursuivre leur année scolaire. Les écoles privées ont pu rapidement s’organiser, distribuer du matériel à ceux qui n’en avaient pas, préparer des plans de travail pour guider les élèves dans leurs apprentissages et mettre sur pied des cours en ligne pour que le personnel enseignant puisse continuer d’accompagner les élèves.
Dans le même élan, les écoles ont ajusté leurs modes d’évaluation afin de s’assurer que les élèves progressaient et maîtrisaient bien la matière au programme. Différentes mesures ont aussi été instaurées pour que les élèves ayant des défis particuliers aient accès au soutien nécessaire pour éviter de prendre du retard. Cet épisode difficile a mis en lumière les avantages de l’autonomie des écoles privées pour accompagner les élèves en situation de crise.
Les directions d’école sont formées pour connaitre les besoins de leurs milieux et savent mettre en œuvre les actions nécessaires pour encourager la persévérance scolaire. Autonomes dans la gestion de leur personnel et de leur budget, elles peuvent déterminer quelles ressources répondront le mieux aux besoins de leurs élèves, besoins qui évoluent au fil des ans.
Ainsi, une école qui connait une augmentation du nombre d’élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme pourra décider d’embaucher un technicien en éducation spécialisée et veiller à lui offrir la formation nécessaire pour soutenir ces élèves et leurs enseignants.
Parce que le lien d’emploi entre l’école et les membres de son personnel est direct et que le personnel reste longtemps à l’école qu’il a choisie, il est plus facile d’accompagner les nouveaux membres de l’équipe, de mettre en place du mentorat et de développer un plan de développement professionnel pour chaque employé qui lui permet de s’améliorer de façon continue, au bénéfice des jeunes.
Au fil des ans, plusieurs écoles privées ont développé une série de programmes, de concentrations et de mesures pour accompagner leurs élèves qui ont des difficultés, ceux qui ont besoin de bouger davantage, ceux qui ont besoin de plus de temps pour réussir ou encore ceux qui vont plus vite et qui ont besoin d’enrichissement pour s’épanouir.
Les initiatives varient d’une école à l’autre et d’une région à l’autre, car les besoins ne sont pas les mêmes à travers le Québec. Par exemple, des écoles privées offrent à certains élèves la possibilité de faire le premier cycle du secondaire en trois ans plutôt que deux.
D’autres écoles privées, situées en région, proposent une concentration chasse et pêche qui contribue à la motivation des jeunes qui ont besoin de passer du temps en nature et de s’initier à des pratiques durables. D’autres encore offrent des parcours qui permettent de développer un esprit entrepreneurial ou de s’impliquer activement dans l’action communautaire, le plein air ou l’agriculture urbaine.
Le fil conducteur est de toujours être à l’écoute des intérêts des jeunes et de leur proposer des activités d’apprentissage qui leur permettent d’explorer différents horizons et de s’épanouir, tout en suivant le Programme de formation de l’école québécoise, commun à toutes les écoles.
L’autonomie des écoles privées représente un atout de taille dans la lutte au décrochage scolaire. L’analyse des dossiers des élèves avant leur entrée à l’école permet d’avoir un bon portrait de la prochaine cohorte et de planifier les ressources en conséquence. Par exemple, si l’on observe qu’un nombre important d’élèves qui s’apprêtent à entrer en première secondaire éprouve des difficultés en français, on verra à former des groupes avec appui pédagogique où davantage de temps sera consacré à consolider les apprentissages du primaire. On s’assurera aussi que les enseignants ont le soutien d’un orthopédagogue.
Il est alors possible d’intervenir avant que l’élève se retrouve en situation d’échec et de bien préparer son passage en 2e secondaire. De façon générale, les équipes-écoles font un suivi serré auprès des élèves qui éprouvent des difficultés ou qui sont davantage à risque d’échec ou de décrochage.
L’autonomie des directions, la mobilisation de tout le personnel dans le projet éducatif de l’école, l’accompagnement serré des élèves et l’importance accordée à la vie scolaire et au développement du sentiment d’appartenance représentent des facteurs clés de succès pour lutter contre le décrochage scolaire, favoriser la diplomation et former de futurs citoyens outillés pour s’épanouir et contribuer à notre société.